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La Génération Z, moteur du sursaut citoyen !  

Depuis le 25 septembre, Madagascar est plongé dans une crise politique et sociale d’une gravité sans précédent. Une vague de manifestations, inédite par son intensité et son ampleur, secoue plusieurs grandes villes du pays, notamment la capitale Antananarivo, Antsiranana (Nord), Toamasina (Est) et Toliara (Sud) depuis le 25 Septembre faisant état d’au moins 22 morts et de centaines de blessés selon Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme. Ces violences témoignent de la répression féroce de ces manifestations pacifiques.

Cette manifestation a débuté par un mécontentement généralisé suite à des coupures d’eau et d’électricité récurrentes sur l’ensemble du territoire national. Elle s’est poursuivie par une forte contestation d’un régime “défaillant” dans plusieurs domaines depuis l’année 2018 où le président Andry Rajoelina a accédé le pouvoir via le suffrage universel direct. Le mouvement symbolise aujourd’hui une contestation plus vaste, nourrie par des années de frustrations sociales, de système gangrené par la corruption et l’impunité, de promesses non tenues et de gouvernance opaque. Et Cette révolte exprime surtout la détermination d’une jeunesse, et en particulier de la Génération Z, qui refuse de subir et qui exige de participer pleinement à la construction de son futur. 

Dans un pays où plus de 30 millions de personnes vivent dans des conditions précaires avec près de 75 % sous le seuil de pauvreté selon la Banque mondiale  et qui se situe à la 140e place sur 180 en matière de perception de la corruption d’après Transparency International, cette crise traduit avant tout une demande profonde de justice sociale et de démocratie réelle.

Cette Gen Z, née et grandie dans un contexte de pauvreté structurelle mais connectée, dénonce les injustices, invente des modes de mobilisation innovants grâce au numérique et impose un agenda de transparence, de responsabilité et d’inclusion. Elle refuse l’exclusion, non seulement comme victimes des inégalités, mais surtout comme acteurs incontournables du renouveau démocratique en Afrique. 

La dissolution du gouvernement du Premier ministre Christian Ntsay, annoncée sous la pression des manifestations, n’a pas suffi. Car les revendications ont dépassé les difficultés ponctuelles liées aux coupures d’eau, à l’électricité ou à la liberté d’expression qui sévit dans le pays au moins depuis l’année 2024. Elles visent désormais l’ensemble du système institutionnel: le Sénat, la Haute Cour constitutionnelle et la Commission électorale accusée de manquer de légitimité et de transparence.

Le réseau AfricTivistes condamne avec la plus grande fermeté la répression violente exercée contre les manifestants pacifiques. Ces tentatives d’étouffement de protestations pacifiques, constituent une violation flagrante des droits fondamentaux des citoyens garantis par la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples, notamment les articles 9 (liberté d’expression), 10 (liberté d’association), 11 (liberté de réunion). 

Afin d’éviter de telles dérives à l’avenir, il est essentiel de placer les citoyens – en particulier les jeunes au cœur de la gouvernance. Cela implique de reconnaître la participation citoyenne comme un droit fondamental, conformément à l’article 11 de la Charte africaine de la jeunesse, et d’ériger la transparence et la redevabilité en principes intangibles de gouvernance. Pour y parvenir, un cadre de dialogue national inclusif et sincère doit être instauré, afin de garantir un espace propice à l’expression des revendications de la Génération Z, des femmes et des communautés locales.

En conséquence, nous appelons instamment à des actions concrètes et immédiates de la part :

  • du gouvernement malgache : mettre fin immédiatement à la répression, garantir le droit de manifester pacifiquement et instaurer sans délai des dispositifs crédibles de participation citoyenne, en particulier pour les jeunes ;
  • de la société civile malgache : poursuivre l’organisation et la mobilisation pacifique, renforcer les alliances intergénérationnelles et placer la Génération Z au centre des stratégies de plaidoyer et de transformation ;
  • de l’Union africaine et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) : assumer pleinement leur rôle de garantes de la démocratie sur le continent et dans la région en exerçant une pression politique forte pour exiger le respect des droits humains, l’ouverture d’un dialogue inclusif et la mise en place de réformes institutionnelles structurelles ;
  • des Nations unies : intensifier la surveillance de la situation, documenter les violations des droits humains et soutenir, par des moyens diplomatiques et techniques, l’émergence de mécanismes de gouvernance participative.

Nous restons mobilisés aux côtés de la jeunesse et de la société civile malgache qui œuvrent pour la justice sociale à Madagascar. Leur combat incarne une aspiration universelle des peuples africains à vivre dans des sociétés justes, inclusives et démocratiques. 

La Génération Z malgache, par son courage, sa créativité et sa détermination, est la preuve qu’aucune démocratie ne peut être durable si elle exclut ceux qui représentent l’avenir. Leur voix doit non seulement être entendue, mais aussi intégrée au cœur des institutions.

En définitive, nous appelons également toutes les forces vives africaines et internationales à se tenir aux côtés de ce peuple en lutte, afin que la Madagascar puisse ouvrir une nouvelle page de son histoire : celle d’une gouvernance juste, transparente, participative et véritablement démocratique. 

La voix du peuple malgache doit être entendue, respectée et prise en compte !

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